Terrot 175cc type LST de 1932

Bonjour à tous,

L'année 2014 a été très chargée à tous les niveaux comme je le disais dans un autre sujet, t je n'ai vraiment pas eu le temps de venir par ici, mais rassurez vous, ma fidèle 100cc MTR roule toujours aussi régulièrement et plus souvent que la japonaiserie (1974, beaucoup trop moderne au final) ainsi que la 1602.

De peur de m'ennuyer, j'ai acquis un puzzle il y a quelques mois : une 175 LST de 1932, enfin des morceaux.

Extrait d'une conversation conjugale quelque part en basse normandie :  
- mais qu'est ce que tu as encore ramené (les habitués du genre prendront la pleine mesure du "encore")
- une moto des années 1930
- mais où est-elle ?
- ben là -->
- c'est pas une moto ça, c'est un tas de vieille ferraille rouillée.
- je t'accorde que pour le moment c'est vieux, corrodé et en plusieurs morceaux mais t'assure que c'est bien une petite moto.  




Une fois l'inventaire des pièces effectué ça donne une machine incomplète.


La barre de reposes pieds est faussée, de même que les deux gros supports moteur/magnéto et le guidon.
A l’œil, les deux morceaux de cadre ont l'air d'être en ligne, la fourche aussi au détail près que les deux axes sont grippés dedans et je ne pourrais même pas m'en servir de modèle pour les faire refaire, les extrémités ont été coupées.  
Il manque trois des quatre biellettes de fourche.


L'autre morceau de la partie cycle, c'est pas pire...
le garde boue avant est faussé sur une bonne moitié avant, les deux axes de roues sont hors d'usage avec le filetage au pas fin abimé. On note que les freins sont mieux dimensionnés que sur la 100cc.
- La plaque de police avant est bien celle d'origine avec deux évidements pour y glisser un petit fanion.
- L'immatriculation "268 E 70" renvoie à la fin d'année 1950, j'ignore l'immatriculation d'avant guerre par contre, peut être encore lisible derrière le porte plaque éclairé sur le garde boue arrière. Il manque la petite lampe arrière d'origine également.
Les pots sont en bon état, ça doit causer un peu car il n'y a rien dedans, dans la 100cc il y a un petit cercle perforé de trous, là rien du tout. Les deux collecteurs sont bien cintrés et l'extrémité côté cylindre n'est pas cassée ni fendue.


Et le reste du puzzle.
- En visserie il en manque un morceau mais j'ai un peu d'écrous et de visserie spécifique d'avance, faut juste retrouver qui va où.
Il me manque les rondelles en buis des amortisseurs sur la fourche.
- Les carters moteurs sont bien appairés mais d'après mes recherches leur numéro concorde avec un montage en début d'année 1932 alors que la plaque de cadre et la frappe de cadre permettent de dater ça sur l'été 1932.
- Le carter de magnéto est en bon état, les deux pignons aussi, par contre la magnéto ne semble pas être la bonne si je me fie aux photos d'usine mais c'était peut être un modèle de pré-série.
- L'"alterno" optionnel n'est probablement pas le bon non plus, c'est un "Novi" fabriqué à Pantin, en somme c'est sur une Motobécane qu'il était monté à l'origine.
- Le carburateur est le même que la 100cc mais c'est d'origine.  ça ne doit pas tirer grand chose.  Quelques modifications tout de même avec la cuve de l'autre côté et un gicleur différent.
- Le levier de vitesses est à trois positions ce qui me fait dire que la moto a reçue la boite 3 rapports qui était en supplément (2 d'origine). Sauf que sur la boite ben... je n'arrive pas à rentrer un rapport, le numéro m'en apprendra peut être plus avant ouverture.
Le té de fourche a son axe soudé également et découpé.
-  le phare est plutôt en bon état ainsi que le réservoir qui n'est presque pas bosselé, le fond est tout corrodé par contre.
- le piston présente bien, reste à voir l'usure générale, le cylindre borgne en fonte (il faut que je le pèse par curiosité, ils ne mégottaient pas sur la matière vu le poids !) ne semble pas vilain non plus. Pas de jeu dans l'embiellage mais bon les galets autour de la bielle sont piquetés en surface ainsi qu'une soie de vilebrequin. Les bagues en bronze doivent aussi être usées.
- il me manque la béquille centrale (assez rare chez Terrot surtout dans ces années là), les deux carters de chaine et tout un tas de bricoles, les petites cuvettes pour les roulements de direction par exemple...

L'inventaire est effectué, maintenant la première chose à faire c'est un remontage à blanc de la partie cycle, à compléter au fur et à mesure et faire une demande de carte grise collection.

Économiquement je sais déjà que c'est une hérésie, mais c'est sauvable, c'est une petite partie de notre patrimoine industriel et populaire.
Je me dit toujours qu'il y a un monsieur qui a économisé pour se l'offrir au début des années 1930 et que la machine lui a probablement rendu de braves services durant plusieurs années, elle a au moins roulé entre 1932 et 1939, et en 1950-51 c'est certain, entre les deux et après.... si les bouts de ferraille pouvaient parler...    


175 "LST" numéro 155 064, je ne saurai dire le jour du montage ni les ouvriers qui y ont participé mais on peut raisonnablement partir sur une production fin juillet ou plus réaliste en août 1932 d'après la frappe de cadre et la plaque d'identification. Amusant elle est du même mois et de la même année que ma grand mère, m'enfin la grand mère est mieux conservée.  

ça ne doit pas être bien plus compliqué que la 100cc mais faut-il encore savoir comment ça se monte, après un inventaire des pièces, je profite de quelques jours de vacances pour remonter tout ça en un morceau.


Neuf, ça ressemblait à ça.




Au plaisir de vous lire !
charlie

Ben bon courage !

oh!!!
il va te falloir beaucoup de motivation
déjà c'est pas facile de remonté un véhicule en pièce mais en plus quand il manque la moitié ...
je vais suivre ça de près sa m'intéresse beaucoup
j'espère que tu vas t'en sortir et ne pas perdre ton courage
bonne chance

Très chouette acquisition, une machine populaire d'avant-guerre qui était parait-il très fiable!

C'est l'évolution de ma Terrot type L à courroie, mais tu as la chance d'avoir un exemplaire bien plus complet que moi, à la base, et dont les pièces se retrouvent plus facilement, ne t'en fais pas. La déco du réservoir est la basique, ils n'ont pas voulu trop dépenser à l'époque Elle serait plus chouette avec les deux types de déco optionnelles qui étaient proposées

Bonsoir messieurs,

Le puzzle se complètera petit à petit, profitant de quelques jours de repos j'ai effectué un montage à blanc pour voir comment ça se montait, si ça se montait déjà... et lister tout ce qui manque et ne va pas.

Sur la partie cycle de la moto, j'ai déposé le porte plaque rétro éclairé des années 50 très inspiré de ce que faisait Terrot à la fin des années 1930. Et bien je suis doublement content, d'une part parce qu'une partie du numéro d'immatriculation dans le système d'immatriculation 1928-1950 est encore lisible "?3?9 EA2" et d'autre part parce que "EA2" c'est... Les Côtes du Nord !!!! Cette "LST" était bretonne avant de s'exiler en Haute Saône !!!

J'espère arriver à déchiffrer par transparence sur la plaque (qui était) translucide les autres chiffres pour ensuite consulter les archives départementales à St Brieuc pour espérer savoir où était cette moto.

Ce qui m'amuse à pointer sur une carte une petite partie de la vie de la moto :
Dijon -> Côtes du nord -> Haute saône -> Millau -> Montreuil -> Donville les bains


L'immat' d'après guerre, une belle mono lettre qui hélas va disparaitre avec le SIV. :-(
Notez l'emplacement pour un petit fanion


Le porte plaque arrière accessoire avec le rétro éclairage


Par transparence, on sait distinguer "EA 2" en bas, ce qui correspond aux Côtes du Nord avant 1950.


Et sur la plaque d'origine, quelle chance que la corrosion n'ai pas tout dégradé, on arrive à déchiffrer "8392" ou "8322", la caligraphie du troisième chiffre me fait penser à un "9".
Ce qui donnerait l’immatriculation d'origine en "8392 EA2".



montage à blanc de la mécanique
La bielle ne semble pas avoir de jeu radial à la main (c'est empirique mais ça rassure l'amateur ) par contre le vilebrequin se promène un peu dans les bagues en bronze.


Au grand livre illustré des galerie des horreurs, cette pédale de frein aurait sans doute sa place. J'ai pu trouver sa remplaçante ainsi que le bouchon d'essence du réservoir.

Et maintenant quelques vues du puzzle en un seul morceau.
Petit inventaire à la Prévert...

Le guidon est tordu, la cale qui se place entre les deux vis de guidon et celui-ci est brille par son absence, le levier de frein avant n'est pas la bonne, celle d'embrayage me parait un peu trop cintrée pour être honnête et il manque encore des morceaux sur la fourche (une partie chez l'ancien propriétaire et les axes sont à refabriquer)




La boite trois rapports (en option, d'origine c'était 2 rapports) en place, elle est en ligne, en tout cas plus que le restant de barre de cale pieds, le silencieux est à reprendre également, sa fixation a été ressoudée à la va comme je te pousse et c'est tordu.


Et la mécanique de 175cc


L'extrémité arrière du sélecteur est cassée, il y a des petits crans entre chaque vitesse et après la troisième il n'y a plus rien alors que devant c'est refermé à cet endroit.


Et de l'autre côté avec une vue sur la soupape de décompression et le lourd volant d'inertie "coupe jambon" avec l'alternovi en place juste devant.

Et enfin quelques vues générales :





On notera le garde boue arrière court qui semble appairé avec le montage de béquille centrale, béquille réputée introuvable...




Et avec sa petite cousine pour lui remonter le moral à la vieille



Bref, il y a encore des pièces à retrouver pour la compléter avant d'entamer quoique ce soit, hormis les démarches pour obtenir les fafiots.

Je peux peut être profiter de l’engouement de certains pour les épaves payées à prix d'or (24 000 euros une Citroën trèfle _bouche ) en surfant sur la vague de la collection Baillon.
extrait d'un catalogue de vente imaginaire :
"Une authentique 175 ayant survécue à la guerre, faisant partie d'une collection de trois motos et deux autos, elle est dans un jus d'époque conforme à son âge, c'est très rare comme engin".

Blague à part, elle me plait cette petite moto, et encore elle ne roule pas encore. J'adore les garde boues tous simples avec le petit bord roulé, le phare plat du début des années trente, les gros tubes d'échappement, la construction qui fait plus solide que la 100cc (faut dire avec presque le double de poids c'eut été dommage aussi).

Affaire à suivre... mais faudra pas être pressé !

Elle a déjà meilleure mine !

c'est sur ça ressemble déjà plus à une moto tu as bien avancé
c'est impressionnant comment c'est motos son longue et au raz du sol un style que j'aime bien avec son gros feux
en tout cas elle risque d'être belle une fois fini ,surtout qu'en on voit celle d'à coté un vrai bijou

Ah ce n'est pas qu'elle soit très longue mais c'est tellement bas... J'ai trouvé quelques pièces pour cette machine, ça se complète tranquillement.

Alors, tu en es où ?

Salut !

ça avance doucement, j'ai acheté un carter pour la chaine primaire, un autre moteur car le vilebrequin du moteur d'origine est irrécupérable, les pièces qui constituent l'embrayage et une refabrication des cuvettes de direction
Comme elle est quasiment complète, j'ai attaqué la boite de vitesses.



J'attend les trois roulements neufs pour tout remonter et ensuite passer au moteur.

charlie-amk a écrit:

Ah ce n'est pas qu'elle soit très longue mais c'est tellement bas... J'ai trouvé quelques pièces pour cette machine, ça se complète tranquillement.

Je tombe sur cette remarque que m'a également fait mon père se souvenant de sa Tobec par rapport à la CG. Elles étaient aussi plus "courtes", question de centre de gravité et d'équilibre, mais aussi pour certaines le voeu de faire une certaine économie de matériaux...

Beau travail. Vas tu la laisser dans on jus au possible, ou la refaire entièrement?

Ah mais là, il n'est pas question de jus, tout est au mieux rouillé, au pire pourri. Comme on n'est jamais satisfait de ce que l'on a, je n'ai jamais réussi à trouver une moto dans un beau jus à conserver, à chaque fois elles ont largement passé cette étape et il faut ressouder les trous fait lors du sablage.

Heureusement que j'ai pu voir sur d'autres exemplaires à quoi ressemblait la décoration pour la peinture puisque sur celle-ci, aucune trace de peinture et encore moins de filet. Enfin bon quand j'en serais à cette étape là... c'est pas pour tout de suite.

C'est bien pour cela que j'avais dit "au possible"...

Je présume que tu vas dérouiller les pièces par électrolyse pour te faciliter la tâche: Pour le bac, une bonne bâche tenue par une structure en bois devrait faire l'affaire (pas académique, mais tu peux mettre ton cadre itou.

Bon courage pour cette restauration

Continues! Cela sera un très joli modèle et que l'on voit finalement assez peu en sortie, j'ai hâte de voir la suite

Oui, difficile de trouver des beaux jus, il y a souvent l'étape de non-retour qui ne laisse pas le choix que de rester totalement ou presque!

Je viens de tomber sur ce sujet...
juste pour info... l'immat en E 70 a du être attribuée très tôt en 1950 (bien qu'il n'y ait pas eu obligation immediate de s'immatriculer au "nouveau" registre en 1950...
voir le site plaque.free.fr/f_1950s.html

Aussi au registre d'avant 1950, si elle était déjà en Haute-Saone, elle aurait pu recevoir l'immat en 1234 QA ou 1234 QA1 série utilisée jusqu'en 1933
voir le site plaque.free.fr/f_tab4.html

et il semble bien qu'en "fantôme" sur la plaque arrière on puisse voir apparaitre le "A"...

Elle a donc belle et bien vécue un bon bout de temps en saone et loir probablement...

Quoi de plus normal pour une Terrot, venant de Dijon et ayant commercialement inondée cette region...en débordant biensur sur toute la france.

Bonne restauration!