Bonsoir à tous et bonne année !!
Depuis le temps que j'en cherchais une de petite moto dans son jus... ça y est.
à force de voir des machines délicieusement patinées par le temps, ça donne envie, et c'est finalement bien plus dur de trouver ce genre de machine de nos jours, refaire, refabriquer, repeindre... c'est finalement facile, plus que de conserver et préserver l'authenticité d'une machine. De part mon métier, devoir réaliser plus neuf que neuf j'en barbouille tous les jours et finalement c'est trop, trop exempt de défaut, trop brillant, trop tout. Qui a dit qu'on n'était jamais content ?
Bref, l’exercice me tentait, restait à trouver l'objet du délit. Dans les bourses, parfois des machines dans un jus, parfois authentique, parfois crée de toutes pièces, mais surtout jamais la bonne machine qui le donne le coup de cœur quand ce n'est pas le budget qui coince.
Et puis j'ai vu cette petite Magnat Debon, au premier coup d’œil elle m'a intéressé, le coup classique, prise de contact, quelques photos, l'attente fébrile du numéro de cadre et l'affaire était conclue il y a de cela bientôt deux mois. Pour varier les plaisirs, une petite MT ou MTK avec le réservoir précédent m'aurait plu mais hey, c'est déjà super là !
Restait un détail : rapatrier la moto qui se situait en Corrèze et puis...
"dis donc chérie, tu sais pas la dernière ? j'ai vu une moto qui..." mais ça, vous connaissez le refrain.
Par manque de place, j'ai du me séparer de ma petite 125 GT de 1974, alors c'est tout à fait autre chose comme moto, je l'apprécie pour les petits trajets brefs et rapides, une course en ville c'est la moto idéale et son petit moteur est assez addictif, à peu près autant que la moto envers les pompes à essence. Ce qui est cool c'est que c'est un ami qui l'achète, elle reste à vue.
Du coup, tout s'éclaire, 'jy livre la moto et je récupère la Magnat Debon... Granville -> Limoges -> Brives la gaillarde -> Bordeaux -> Granville et l'affaire est pliée.
Bon, maintenant que vous avez réussi à tout lire jusque là sans bailler et sans tout zapper d'un coup de molette de souris, voici donc la petite dernière, après une petite virée en Limousin, en Corrèze, puis dans le Bordelais, 1400km de petites routes de notre joli pays sous une météo très clémente.
C'est donc une Magnat Debon 100cc, modèle M3L, L pour "Luxe" de part sa finition : les jantes et les moyeux étaient chromés, de même que les tubes d'échappement, les deux silencieux, le cuvelage de phare et le réservoir avec son beau décor avec ce qui ressemble à un poisson (bon ok, de nuit par temps de brouillard après trois apéritifs...
), le guidon était également chromé, de même que le support pour passer les vitesses.
Modèle d'avant guerre reconnaissable à son garde boue arrière qui présente quelques détails : l'embouti dans l'acier pour le logo, le petit lumignon arrière, la bande de peinture blanche et l’absence d'immatriculation car les BMA n'étaient pas immatriculables avant juin 1943.
Le numéro de cadre dans la série 253 xxx renvoit sur l'année 1939 mais je reste prudent, du 253 000 j'en ai déjà un cadre, un papy dans le coin a une Magnat Debon dans cette série également et une autre personne que je connais a aussi une MD dans cette série, à priori en 1939 il y a eu beaucoup de cadres frappés, mais est ce que toutes les motos ont étées construites cette année là ?
Le carter d'embrayage sans le bossage et la plaque d'identification du moteur sur le chapeau de boite de vitesses sont deux autres caractéristiques des MTR/M3 d'avant 1943 et les gripes genoux en tôle peintes c'est typique des 100cc produits durant la seconde guerre mondiale.
Cette petite moto est une machine de famille, elle appartenait au grand père du vendeur qui l'avait acheté neuve, elle n'aurait jamais quitté la Corrèze et n'a jamais été immatriculée, elle n'a d'ailleurs jamais reçue de plaque d'immatriculation à l'avant, le garde boue étant vierge de tout perçage.
L'ampoule dans le phare me donnera peut être une indication si elle est datée. Le tan sad fait très années 50, on peut partir sur l’hypothèse d'une machine qui aurait roulé jusque dans les années 50/60 dans le village sans plaques comme ça a parfois été le cas. Le grand père faisant du ménage par le vide voulait jeter cette machine il y aune vingtaine d'année, fort heureusement elle fut mise à l'abri en vue d'une rénovation ultérieure qui n'a jamais eu lieu, elle n'en finissait pas de sécher dans une remise.
Voilà, sinon elle est donc beige avec les filets marrons et rouge sur le réservoir, elle est dans une patine terrible qu'il faut absolument conserver, il lui manque sa béquille et son petit carter côté droit, le feu arrière n'est pas le bon, le couvre selle vert est inesthétique au possible et le reste est d'origine.
Avant même de la voir en vrai, je comptais l'accessoiriser d'un petit compteur ED à poulie et courroie, il y a de ses coïncidences, elle a sur la roue avant la petite poulie réceptrice de ce même compteur.
A savoir que la poulie est tellement difficile à trouver qu'elle vaut bien plus cher que le compteur... le gars qui a les outils pour repousser le métal, je lui connait quelques clients pour cette petite poulie...
On notera également le cache central du volant magnétique, siglé Magnéto France, il est en matière plastique noir teinté dans la masse, j'ignorai jusqu'il y a peu leur existence, n'ayant vu que des modèles en aluminium, et j'ai vu sur une autre Magnat Debon 100cc M3S dans son jus également que ça a bel et bien existé.
Ce qui me fait dire que cette moto a roulé un peu c'est le petit catadioptre qui a été rendu obligatoire, je n'ai plus la date en mémoire. J'ai acheté il y a quelques temps un feu arrière d'origine, c'est le seul que j'ai vu à la vente depuis cinq ans, assez dur à trouver sans la moto autour. Il est très joli avec la partie rouge en forme de prisme.
L'état de la décalco...
et les filets sur le réservoir, même si la peinture est extrêmement fragile, l'adhérence est faible sur le chrome, même poncé.
Elle quitte un joli coin de France pour aller se faire biser par les embruns.
Une dernière photo en quittant sa Corrèze d'origine, direction le Bordelais pour une nuit.
Coup de chance, il n'a pas plu une seule goutte de pluie sur tout le trajet, elle est donc totalement sèche depuis plusieurs décennies, je vais la démonter minutieusement pour nettoyer les pièces, raviver le beige avec du polish professionnel et pour préserver tout ça j'hésite encore, on m'a parlé de rustol mais ça jaunie dans le temps, de vernis mais j'ai un peu peur que les solvants fassent travailler les fonds de l'ancienne peinture.
On m'a aussi parlé d'huile de lin qui me semble une solution intéressante si ça n'attaque pas la peinture qui a l'air d'être très fragile sur le réservoir.
Enfin, le produit "protect look" de chez Restom, je ne l'ai jamais utilisé mais deux bons retours, pourquoi pas ?
Enfin, heureux comme un gosse le 25 décembre au pied du sapin, vous vous en doutez.